Pierre
Meneton : l’homme par qui le scandale est arrivé
!
C’est
Pierre Meneton, chercheur à l’INSERM (Institut National
de la Santé et de la Recherche Médicale), qui fut
l’un des premiers à soulever le délicat problème
du sel. En février 2000, il transmet à l’AFSSA
(Agence Française de Sécurité Sanitaire des
Aliments) un rapport sur les conséquences de la surconsommation
de sel en France. En guise de remerciement, il se voit attribuer
par la DST un traitement de faveur habituellement réservé
aux terroristes : mises sur écoute, filatures, etc, pour
“atteinte à la sûreté de l’état”.
Un an plus tard, il décide d’alerter l’opinion
publique en donnant une interview au journal Le Point. C’est
Le Point qui dévoilera également les écoutes
dont a fait l’objet Pierre Meneton, scandale relayé
par une dizaine de journaux. Pierre Meneton a participé
en janvier 2002 au colloque international “sel et santé”
organisé par l’AFSSA en collaboration avec l’INSERM
où il a présidé une session intitulée
: gènes, hypertension et sensibilité au sel.
La consommation de sel en France
Le sel est
constitué de chlorure de sodium. 1 g de sodium est apporté
par 2,5 g de sel.
Quatre millions de tonnes de sel sont produites chaque année
en France. 10 % de cette production sont utilisés dans
l’alimentation. Le sel, utilisé depuis toujours pour
donner de la saveur aux aliments, est un élément
vital pour l’homme. 1,6 g de sodium (soit 4 g de sel) par
jour suffit pour éviter toute carence pour 97 % de la population.
Or en France la consommation moyenne est estimée à
9-10 g de sel par jour. Beaucoup trop selon l’OMS (Organisation
Mondiale de la Santé) qui préconise une consommation
de 6 g par jour.
Bien que le sel soit de moins en moins utilisé pour la
conservation des aliments, sa consommation augmente (+10 à
15 % en 5 ans de 1994 à 1999 ). Ceci s’explique par
le fait que le sel est de plus en plus utilisé par l’industrie
agro-alimentaire pour d’autres raisons (voir chapitre suivant
: les enjeux). 75 % du sel consommé proviennent donc des
produits achetés, 15 % de la salière de table et
10 % se trouvent dans les aliments à l’état
naturel.
Les conséquences sur la santé
Lors du colloque
international “sel et santé” organisé
par l’AFSSA les 11 et 12 janvier 2002 des scientifiques
du monde entier ont dressé le bilan de l’impact du
sel sur différentes maladies.
Les maladies cardio-vasculaires représentent la première
cause de mortalité en France avec 170 000 décès
par an. Cette mortalité est directement liée à
l’hypertension (élévation
de la pression artérielle), elle-même due à
des prédispositions génétiques, au manque
d’activité physique, à une surcharge pondérale,
à la consommation d’alcool, au tabagisme, mais aussi,
comme le prouve l’étude DASH (Dietary Approaches
to Stop Hypertension) menée aux Etats-Unis à une
consommation excessive de sel. Cette étude démontre
également qu’une réduction de la consommation
de sel permet de réduire sensiblement la pression artérielle.
D’après Pierre Meneton, le sel serait directement
responsable chaque année en France de 75 000 accidents
cardio-vasculaires, dont 25 000 décès.
Une surconsommation de sel peut engendrer une hypertrophie
du ventricule gauche, anomalie elle aussi responsable
de nombreux accidents cardio-vasculaires.
L’excrétion de calcium par l’organisme augmente
avec la consommation de sodium (40 mg de calcium excrété
pour 6 g de sodium consommé). La perte de calcium engendre
une fragilisation osseuse, l’ostéoporose,
responsable de fractures, surtout chez les femmes âgées.
D’après le Haut Comité Français pour
la Santé Publique, une alimentation riche en sel peut multiplier
par 6 le risque de cancer de l’estomac.
Ce sont les reins qui régulent la quantité de sodium
dans l’organisme. Aussi un excès de sel peut aggraver
une insuffisance rénale.
L’envie de sel
Le goût
salé fait partie des 5 saveurs de base avec l’amer,
l’acide, le sucré et l’umami. Mais le sel est
aussi un exhausteur de goût car il masque l’amertume
de certains aliments tout en renforçant la saveur sucrée.
C’est pourquoi il est utilisé en pâtisserie.
On a vu que 75 % du sel consommé provenait de produits
transformés. Parmi ceux-ci, les plus riches en sel sont
les pains et biscottes, la charcuterie, les fromages, les plats
composés, les soupes et les snacks (sandwiches, quiches,
pizzas, hamburgers, etc).
Bien qu’en partie inné, l’attrait d’une
personne pour le sel est lié à ses habitudes alimentaires.
Certains parlent même d’accoutumance. Mais il est
possible de corriger progressivement sa consommation de sodium.