Sur le plan
de la santé publique, l’effet bénéfique
d’une diminution de l’apport sodé fait l’unanimité.
Mais il n’en est pas de même sur le plan économique.
Pour les producteurs de sel, l’industrie agro-alimentaire
et les laboratoires pharmaceutiques, les enjeux sont même
colossaux.
Selon Pierre
Meneton, si une réduction de 30 % des apports en sel pourrait
sauver 25 000 vies, elle engendrerait, par ailleurs, un manque
à gagner de 6 milliards d’euros pour l’industrie
agro-alimentaire. Outre un effet d’accoutumance, le sel
a d’autres “vertus”. Il augmente le poids (et
donc le prix) des aliments carnés grâce au phénomène
de rétention d’eau. Il pallie l’absence de
goût et masque le désagréable arrière-goût
amère de certains composants. Enfin, son pouvoir assoiffant
fait grimper les ventes de boissons. En Grande-Bretagne comme
aux Etats-Unis, les géants de l’industrie agro-alimentaire
font pression sur les gouvernements et tentent de manipuler l’opinion
publique.
L’industrie
pharmaceutique n’est pas en reste. Une réduction
de 50 % de sel dans les produits industriels réduirait
d’autant le nombre d’hypertendus. On peut donc supposer
que les ventes d’anti-hypertenseurs subiraient le même
sort. Les producteurs de sel et les laboratoires pharmaceutiques
semblent donc avoir des intérêts communs. D’ailleurs,
le 2ème producteur de sel en Europe ne s’y est pas
trompé en créant une filiale, Solvay Pharma, qui
commercialise pas moins de 5 anti-hypertenseurs !
Le
biochimiste finlandais Heikki Karpannen qui a inventé substitut
de sel révolutionnaire, le Pansalt, s’est vu racheter
son brevet par le géant américain Monsanto dans
le but de bloquer sa commercialisation. Seule la menace de tout
dévoiler à la presse permettra au chercheur de récupérer
son brevet.
La France
ne semble pas encore avoir tranché entre l’enjeu
sanitaire et l’enjeu économique. En témoignent
les mesures (ou l’absence de mesure) prises par l’AFSSA
: on parle de “recommandations”, “discussions
avec les industriels”, “concertation” ou “information”
mais aucune directive concrète réglementant les
apports sodés dans l’alimentation industrielle n’est
envisagée.